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Tabagisme et grossesse Des experts réclament une meilleure information

Près de 30% des fumeuses terminent leur grossesse sans avoir pu arrêter de fumer malgré des conséquences parfois dramatiques sur leur santé et celle du foetus : des experts, réunis jeudi et vendredi à Lille, réclament une meilleure information des futures mères et des professionnels.

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"C'est un problème crucial, c'est l'avenir de la population qui est en jeu", constate le professeur Maurice Tubiana, président de l'Académie nationale de médecine, rappelant que le nombre de fumeuses a été multiplié par trois en 30 ans.

"Le tabac est de très loin le toxique le plus puissant auquel les Françaises sont confrontées et on n'agit pas avec assez de vigueur dans ce domaine", dénonce-t-il, à l'occasion d'une conférence de consensus chargée d'élaborer des recommandations, réunissant plusieurs centaines de professionnels de la santé.

La cigarette entraîne des troubles de la fécondité chez l'homme, via une diminution de la qualité du sperme, comme chez la femme, pour qui le délai de conception augmente de 30%, y compris pour les fécondations in vitro, selon plusieurs études présentées lors de la conférence.

Une fois enceinte, une femme qui fume plus de 10 cigarettes par jour augmente de 60 % le risque de mort du foetus in utero. Elle multiplie par deux celui de faire une fausse couche ou d'accoucher prématurément.

Le tabagisme pendant la grossesse a également des conséquences une fois le bébé mis au monde, avec un risque de mort subite du nourrisson multiplié par deux à trois.

Plus généralement, le poids moyen d'un nourrisson qui a souffert d'un manque d'oxygène dans le ventre de sa mère, à cause du tabac, est plus faible. Cette différence "peut atteindre 750 grammes de moins qu'un enfant normalement oxygéné", déplore le Pr Michel Delcroix, président de l'Appri (Association périnatalité, prévention, recherche, information) et du comité d'organisation de la conférence de consensus.

Or, "près de 10% des fumeuses ont un taux de monoxyde de carbone qui justifierait leur placement en caisson hyperbare" pour les réoxygéner, à l'instar des personnes intoxiquées par des systèmes de chauffage défectueux. "Mais ce n'est pas diagnostiqué", relève ce gynécologue-obstétricien.

Selon lui, il faut donc développer les "outils de diagnostic", notamment les appareils de dosage du monoxyde de carbone expiré et l'information des médecins et professions paramédicales car certains "ne savent pas évaluer les conséquences du tabac".

"Il y a des médecins et des pharmaciens qui pensent qu'on ne peut pas prescrire des traitements substitutifs à la nicotine, comme les patchs, à des femmes enceintes", déplore le Pr Delcroix, souhaitant que ces substituts puissent être remboursés par la Sécurité sociale.

"Certaines maternités n'ont même pas de traitements et d'outils pour évaluer" la dépendance tabagique, ajoute-t-il.

Environ 27% des femmes interrogées à l'issue de leur grossesse disent n'avoir reçu aucune information des personnels hospitaliers sur le caractère néfaste du tabac, selon une étude conduite en Ile-de-France en 2004.

Les recommandations par la conférence de consensus visant à établir des standards de pratique médicale élaborées doivent être présentées en novembre à Paris.


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